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Colloque | Quelle poésie pour le XVIIIe siècle ?

Publié le 21 mars 2024 Mis à jour le 18 avril 2024

Le XVIIIe, tout en poésie... Mais quelle poésie ?



 

PROGRAMME

 
JEUDI 18 AVRIL
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14h - Introduction du colloque
Marie BREGUET (Société des Amis des Poètes Roucher et André Chénier)
François JACOB (Université Jean Moulin – Lyon 3)

14h20
Flávio BORDA D’ÁGUA (Institut et Musée Voltaire, Genève) : Ouvrir la boîte de Pandore : les aventures d’un manuscrit voltairien

14h40
Benjamin AUBRY (doctorant, Université Lyon 3) : Regard sur l'édition de la poésie de l'Abbé Grécourt au XVIIIe siècle

15h00
François JACOB (Université Jean Moulin – Lyon 3) : Gentil-Bernard : une amitié discrète

Pause

15h30

Emmanuel BUETTLER (doctorant, Université de Berne) : Des Salons en vers : potentiels et limites de la critique d’art versifiée au XVIIIe siècle

15h50
Stéphanie LOUBÈRE (Université d’Orléans) : Dorat, « phosphore passager » de la poésie des Lumières

Pause

16h30

Assemblée générale de la Société des Poètes Roucher et André Chénier

17h30 - Fin de la première journée
VENDREDI 19 AVRIL
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9h20
Betty KESSLER (mastérante, Université Lyon 3) : « La pierre en ce tombeau sur mes mânes posée » (Mnaïs) Épigramme funéraire et poétique de la mosaïque chez André Chénier.

9h40
Gauthier AMBRUS (chercheur associé – MARGE) : Nouvelles perspectives sur les poèmes de prison d’André Chénier

10h
Margaux CAQUANT (doctorante, Université Lyon 3) : Le regard critique de Marie-Joseph Chénier dans le Tableau historique de l’état et des progrès de la littérature française depuis 1789

10h20
Marie BREGUET (SAPRAC) : Des stances sur les fleurs au dernier quatrain. Quelle poésie dans les Consolations de ma captivité ?

Pause

11h00 - Hommage à Georges Buisson et Édouard Guitton

11h30 - Récital de poèmes du XVIIIe siècle

Lecture par Ninon CHARLES et Aloïs GREUTHIER, étudiants comédiens de l’Université Jean Moulin - Lyon 3
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14h
Gwenaëlle BOUCHER (INSPE de la Martinique) : La Marche vers Dieu dans les Essais de littérature (1769) de N.-G. Léonard

14h20
Lionel VERDIER (Université Jean Moulin – Lyon 3) : Les Chansons madécasses ou le Tombeau de Parny par Ravel

Pause

15h
Éric FRANCALANZA (Université de Bretagne occidentale) : En naviguant dans les notes d'Esménard : quelques leçons de poésie

15h20
Pierre HAYES (mastérant, Université Lyon 3) : Éditer Millevoye aujourd’hui : quelles perspectives ?

15h40 - Conclusion du colloque
Marie BREGUET (Société des Amis des Poètes Roucher et André Chénier)
François JACOB (Université Jean Moulin – Lyon 3)

16h00 - Fin de la deuxième journée


 

Résumés des communications


Gauthier Ambrus (chercheur associé – MARGE) : « Nouvelles perspectives sur les poèmes de prison d’André Chénier »

Les poèmes de prison d'André Chénier, les Iambes en premier lieu, sont généralement considérées comme un sommet poétique, en rupture avec les œuvres contemporaines. Il s'agira pour commencer de les replacer en regard des productions antérieures de Chénier, tant lointaines que récentes, pour mieux cerner le double rapport de rupture et de continuité qu'elles entretiennent avec elles. L’exposé suivra ensuite deux grands axes : tout d'abord, mettre en évidence le dialogue complexe que ces textes mènent avec l'actualité immédiate, puis montrer comment l'écriture carcérale de Chénier favorise une méditation originale sur la poésie.
 

Benjamin Aubry (doctorant à l’Université Jean Moulin – Lyon 3) : « Regard sur l'édition de la poésie de l'Abbé Grécourt au XVIIIe siècle »

Si l'abbé Grécourt a vécu dans la première moitié du XVIIIe siècle, son œuvre s’est développée tout au long de la seconde partie du siècle, après la mort de l'auteur, avec pas moins d'une trentaine d'éditions différentes en soixante ans. De la publication clandestine à la multiplication des éditions prétendument intégrales, comment expliquer un tel essor posthume de la poésie grécourtienne ? Premières tentatives de réponses et questions soulevées par ce phénomène d'édition singulier.
 

Gwenaëlle Boucher (Université des Antilles-INSPE Martinique) : « La Marche vers Dieu dans les Essais de littérature (1769) de N.-G. Léonard »

Nicolas-Germain Léonard est ce Guadeloupéen qui, avec les Bourbonnais Parny et Bertin, illustre les lettres créoles du XVIIIe siècle. En 1769, il a 25 ans quand il publie ses Essais de littérature, une œuvre polymorphe destinée à exposer la diversité de ses talents poétiques.

Il s’agit de montrer que cette présentation au monde littéraire constitue aussi un témoignage du cheminement léonardien vers Dieu : c’est, tout d’abord, recherchée à travers les épîtres, les idylles et les discours qui permettent d’approcher l’idée de la divinité, la conquête de la forme déprécative qui permet d’éprouver la présence de Dieu. C’est ensuite la substitution progressive du Dieu chrétien, manifesté et agissant dans le monde, au Dieu des philosophes, indifférent et inaccessible. C’est, enfin, la révélation de la parole divine, notamment psalmique et évangélique, peu à peu affranchie de toute médiation rousseauiste, louis-racinienne ou voltairienne.
Par Léonard, la littérature apparaît ainsi mise à l’épreuve de Dieu.
 

Marie Breguet (Société des Poètes Roucher et André Chénier) : « Des stances sur les fleurs au dernier quatrain. Quelle poésie dans les Consolations de ma captivité ? »

Trois semaines après son incarcération, Roucher adresse les célèbres stances sur les fleurs à sa fille ; vingt-quatre heures avant son exécution, il trace les quatre vers d’un ultime adieu à ses proches au bas de son portrait. La poésie lui donne la force non pas de regarder la mort en face mais d’en supporter l’approche et d’échapper à l’atmosphère pesante et infernale de dix mois d’emprisonnement sous la Terreur. Sa correspondance de prison livre une sorte d’art poétique à l’usage de sa fille Eulalie, que nous nous efforcerons d’examiner.
 

Emmanuel Buettler (doctorant à l’Université de Berne) : « Des Salons en vers : potentiels et limites de la critique d’art versifiée au XVIIIe siècle »

La poésie sur les arts visuels au XVIIIe siècle est un type spécifique d’écrit sur l’art qui connaît une phase d’intense publication en France au milieu du siècle avec les poèmes didactico-descriptifs de Marsy, Baillet de Saint-Julien, Watelet et de Lemierre pour citer les plus connus. Stimulée par la réouverture des expositions au Salon carré du Louvre en 1737, cette poésie répond au goût du public pour la peinture française contemporaine. Le contexte historique de la réouverture des expositions bisannuelles favorise l’essor de nouvelles formes d’écriture en particulier sur la peinture, à l’image de ce que nous appelons aujourd’hui la critique d’art. L’émergence de celle-ci coïncide aussi avec une abondante production poétique inspirée par les expositions de peinture contemporaine. La Collection Deloynes et le Portefeuille de poésies fugitives constitué par Nicole Masson sont de précieuses sources pour la constitution de ce corpus de poésie de circonstance sur les Salons. Ces ouvrages contiennent des vers qui invitent à une promenade poétique parmi les tableaux exposés. La poésie articule ainsi une forme de critique d’art versifiée qui méandre entre l’expression d’un avis et d’une émotion. Le propos de ma présentation s’attelle à étudier le fonctionnement de ce type de poésie au XVIIIe siècle. Le caractère hétérogène de ce corpus du point de vue des tonalités littéraires employées (élégiaque, critique, didactique, descriptive, satirique) est complétée par la volonté d’illustrer, voire d’intensifier l’expérience esthétique par la voix poétique lors d’une exposition d’œuvres d’art. La lecture des poèmes fait donc office d’une forme de réalité augmentée et complémentaire à la contemplation des œuvres d’art exposées. La mise en vers assure une transmission des connaissances sur le savoir-faire pictural, une forme de publicité pour les artistes ainsi que l’expression de la beauté des œuvres d’art dévoilées. Ce sont autant de fonctions qu’a la poésie des Lumières et qui se réunissent au sein de ce corpus de poèmes de circonstance. Celui-ci comporte également des innovations poétiques en termes de stratégies d’appropriation et d’intégration d’un vocabulaire issu de la pratique picturale. Dépassant la transposition classique des règles de la rhétorique d’un art à l’autre, les poèmes sont ainsi susceptibles d’aboutir à une nouvelle forme d’ut pictura poesis. La poésie sur les Salons honore cet adage horacien par l’expression d’une relation de solidarité et de complémentarité.
 

Eric Francalanza (Université de Bretagne Occidentale) : « En naviguant dans les notes d'Esménard: quelques leçons de poésie »

Il s’agira de voir ce qu'il est possible de tirer comme enseignement des notes d’Esménard dans le poème de La Navigation, tant pour la simple "retranscription" de la documentation et des lectures (poétique), que pour ce qui est du sens qu'Esménard donne à la poésie (esthétique). Cette perspective pourra peut-être expliquer en partie l'échec (relatif) de ce genre de poésie.


François Jacob (Université Jean Moulin – Lyon 3) : « Gentil-Bernard : une amitié discrète »

C’est surtout par son Art d’aimer, inspiré d’Ovide, que Pierre-Joseph Bernard, dit Gentil-Bernard (1708-1775) s’est rendu célèbre. L’Institut et Musée Voltaire de Genève conserve un manuscrit de ce poème avec annotations (parfois féroces) de l’auteur de Candide. Un autre manuscrit attire toutefois l’attention, lui aussi pourvu de nombreuses annotations : il s’agit d’un poème d’un peu plus de deux cents vers intitulé L’Amitié, et naturellement inspiré de Cicéron et possiblement attribué – ou attribuable – à Gentil-Bernard. C’est essentiellement de ce manuscrit qu’il sera ici question.
 

Betty Kessler (mastérante à l’Université Jean Moulin – Lyon 3) : « Épigramme funéraire et poétique de la mosaïque chez André Chénier. »

Inscription gravée dans la pierre puis sur les pages de l’Anthologie Grecque, l’épitaphe est un genre favori des poètes pour son tragique incisif ; André s’y essaye également à de nombreuses reprises, tout en l’étoffant, le nourrissant, pour le faire devenir véritable tableau, quadro funéraire. Mnaïs est l’une des couronnes de ces fleurs récoltées dans l’Anthologie ; l’on verra en quoi ce poème peut illustrer la processus de création d’André.
 

Stéphanie Loubère (Université d’Orléans) : « Dorat, « phosphore passager » de la poésie des Lumières »

Claude-Joseph Dorat fait partie de ces polygraphes infatigables du XVIIIe siècle qui ont exercé leur métier d’hommes de lettres en expérimentant toutes les formes et genres qui s’offraient à eux : il a publié un grand nombre d’œuvres poétiques, des pièces de théâtre, des contes, des fables, des épîtres, des essais, des romans… Après avoir été longtemps délaissé par la critique, l’engouement pour le roman libertin lui vaut d’être redécouvert au XXe s. et donne lieu à des rééditions de ses deux romans épistolaires (Les Sacrifices de l’amour et Les Malheurs de l’inconstance). C’est pourtant comme poète que Dorat a marqué son époque : G. Desnoiresterres, l’un des rares critiques à s’être intéressé à cet auteur, lui consacra en son temps un essai au titre révélateur : Le Chevalier Dorat et les poètes légers au XVIIIe siècle (1887), dans lequel il met à jour l’existence d’une « école de Dorat ». Parmi tous les genres poétiques, Dorat avait une prédilection pour la poésie légère, dont il s’est fait le théoricien le plus assidu. Ses contemporains n’ont pas été tendres avec lui, ainsi qu’en témoigne ce mot perfide du poète Lebrun : « Phosphore passager, Dorat brille et s’efface : / C’est le ver luisant du Parnasse. »

Cette poésie mérite pourtant que l’on s’arrête, car en elle se joue une certaine idée de la poésie qui préexiste à la grande révolution lyrique du Romantisme mais dont les accents peuvent encore nous toucher. Une modernité insoupçonnée est à l’œuvre, qui repose sur le dialogue vivant entre le poète du XVIIIe siècle et une antiquité avec qui il entretient un dialogue vivant. Dorat est bien un « phosphore », qui fait entrevoir les éclats persistants d’une poétique qui emprunte aux poètes et aux penseurs antiques de la légèreté (Anacréon, les poètes élégiaques romains, Catulle, Horace, Épicure…). Je souhaiterais montrer que ce que Lebrun voit comme un défaut constitue peut-être un éloge paradoxal : le désir de briller et la tentation de s’effacer sont deux facettes d’une posture qui invite à replacer l’ethos du poète au cœur du débat poétique.
 

Lionel Verdier (Université Jean Moulin – Lyon 3) : « Les Chansons madécasses ou le Tombeau de Parny par Ravel »

Si l’écriture du cycle de trois mélodies inspirées des Chansons madécasses (Nahadove, Aoua et Il est doux) témoigne d’une lecture personnelle de Ravel et d’un choix étonnant qui fit même scandale lors de ses premières auditions en 1925, il n’en reste pas moins que la réception de la poésie de Parny, sérieuse et fugitive à la fois, a toujours été problématique, ambivalente. On s’interrogera donc sur les aléas de cette réception, sur ce qu’elle nous dit aussi de la poésie, de ses évolutions et du regard porté sur la poésie du XVIIIe, siècle. Il s’agira ainsi, à partir des imaginaires sollicités par les vers de Parny, de relire en quelque sorte à rebours cette œuvre, de sa réception contemporaine (les mélodies de Ravel) à sa source première, le XVIIIe siècle poétique.
Contact :
Nathaly Berthillon : nathaly.berthillon@univ-lyon3.fr
Thématiques :
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