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Liberté de parole. Les élites savantes et la critique des pouvoirs, Brepols, Turnhout, 2023
Marie-Céline Isaïa et Makram Abbès
Publié le 5 septembre 2023–Mis à jour le 6 septembre 2023
Présentation
La parrhésia antique idéalisée, cette parole franche qu’autorise et exige la démocratie, devrait disparaître avec l’installation des pouvoirs souverains du Moyen Âge. De fait, la répression légale des paroles sacrilèges signale la naissance de la théocratie pontificale et de l’État moderne au tournant des XIIIe et XIVe siècles. L’absolutisme va de pair avec une réduction de la liberté de parole à un simulacre politique.
Entre le VIIIe et le XIIIe siècle cependant, en Occident latin, en Islam et dans l’empire byzantin, des pouvoirs souverains qui disent tenir de Dieu leur autorité voient leurs élites religieuses continuer à revendiquer et à pratiquer une forme de liberté de parole. Ces élites exercent une critique justifiée par leur maîtrise de la tradition écrite et par leur expérience du gouvernement. Elles envisagent la liberté de parole comme un devoir religieux vis-à-vis du prince, en appellent à sa conscience et l’exhortent à être à la hauteur du pouvoir reçu de Dieu. Leurs paroles critiques prennent aussi un public à témoin, dans le cadre d’un rituel politique qui n’est jamais parfaitement contrôlé ni instrumentalisé. Elles contribuent ainsi à associer une large communauté, fondée religieusement, à l’exercice du pouvoir.En comparant la liberté de parole assumée par ces élites médiévales, c’est donc le fonctionnement des empires du Moyen Âge central qu’on analyse – des empires dont l’assise théocratique reste compatible avec la critique et implique la participation sous contrôle d’une partie des populations. Au début de la période, celui qui critique le prince lui donne un gage de fidélité ; il déclare que le pouvoir exercé peut être amélioré. À la fin de la période, le critique fait d’abord valoir son amitié pour le souverain – indice de la réduction de l’assise collective de ces régimes.