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Séminaire inter-laboratoires | L'espace littéraire de Berlin à Vladivostok - 6e édition

Publié le 15 août 2023 Mis à jour le 23 août 2023

Réunissant les chercheurs des universités lyonnaises et grenobloises qui consacrent leurs travaux aux littératures d’Europe centrale et orientale, et de Russie, ce séminaire inter-laboratoires s’ouvre cette nouvelle année 2022 avec cinq rencontres qui auront lieu à la Bibliothèque Diderot de Lyon et à l'université Grenoble Alpes, sur site ou en visioconférence.
 

PROGRAMME


Séance 1 | Autour de la langue et de la littérature ukrainiennes

 
Organisée et animée par Natalya Shevchenko (CeRLA) et Anne Maître (BDL)
 
Iryna Dmytrychyn, maître de conférence en langue et civilisation ukrainiennes (INALCO)
Natalya Shevchenko, maître de conférence en linguistique slave (CeRLA. Université Lumière Lyon 2)

L’Ukraine est un pays multiethnique et multilingue. La seule langue officielle du pays, la langue d’État, est l’ukrainien. Cependant, la population ukrainienne est majoritairement bilingue et parle les deux langues : l’ukrainien et le russe. L’intervention de Natalya Shevchenko évoquera l’histoire de cette langue dont la création remonte au IXe siècle. Elle nous dira comment elle s’est enrichie et épanouie, malgré les interdictions séculaires russo-soviétiques qui ont voulu nier son existence. Enfin elle analysera le rôle que cette langue a pris dans la politique d’un pays en proie à la guerre. Iryna Dmytrychyn, spécialiste de l’histoire de l’Ukraine et de sa littérature, présentera l’histoire de cette littérature, en convoquant ses illustres représentants d’hier à aujourd’hui. Elle accordera une place toute particulière aux écrivains du XXIe siècle, comme Seryj Jadan et Sophia Andrukhovytch par exemple, dont les œuvres sont, grâce à son travail de traductrice, aujourd’hui accessibles à un public francophone.

 

Séance 2 | Le samizdat : pratiques locales et formes transversales


Organisée par Myriam Geiser, Maîtresse de conférences en Études germaniques
(CERAAC-ILCEA4, Université Grenoble Alpes)


Hélène Martinelli, maîtresse de conférences en littérature comparée (IHRIM, ENS de Lyon)
Cache-toi, guerre ! Circulation et filiation dans les pratiques éditoriales des années 1940 (Marie Čermínová dite Toyen et Franciszka Themerson)

Observer les pratiques d’auto-édition et la confection clandestine ou privée de livres dans les années 1940, avant la grande époque du samizdat, permet de s’interroger sur les phénomènes de filiation et de circulation qui les caractérisent. Il s’agit alors de penser la continuité entre les périodes, certains usages perdurant entre la Seconde Guerre mondiale et les premiers samizdats à proprement parler, mais aussi entre les pratiques, avant-gardistes et clandestines, et entre les catégories usuelles que sont le samizdat (auto-édition ou édition clandestine), le tamizdat (édition « là-bas » d’œuvres écrites « ici ») et les éditions de l’exil (œuvres écrites et publiées « là-bas »). Les parcours de la Tchèque Marie Čermínová dite Toyen et de la Polonaise Franciszka Themerson, qui s’exileront respectivement à Paris et à Londres, illustrent la contiguïté de ces pratiques tout en interrogeant le rôle des femmes et la part des images dans ces réalisations.


Anna Horakova,  ATER (Université Grenoble Alpes) ; chercheuse associée (CREG, Toulouse 2)
Pratiques de solidarité internationale dans l'art postal est-allemand : le cas de la revue samizdat Uni/vers(;) de Guillermo Deisler

Cet exposé traite de la revue d’art postal Uni/vers(;), publiée par l’artiste chilien en exil Guillermo Deisler entre 1987 et 1995 depuis Halle, en Allemagne de l’Est. Il s’agira en particulier d’évoquer la dimension transnationale des réseaux de samizdat, qui constituent une trace concrète d’échanges artistiques et politiques entre poètes et artistes des deux côtés du rideau de fer. Uni/vers(;) présentait des œuvres d’art et des expériences trans-médiales combinant textes et images, produites par des artistes originaires, entre autres, d’Australie, du Brésil, du Chili, de Cuba, de la RDA, de France, de Hongrie, du Japon, des États-Unis et d’URSS. Cette revue offre un exemple de critique institutionnelle, pour reprendre un terme utilisé par Hal Foster, en établissant des liens entre démocratisation, écologie et décolonisation dans de multiples contextes.

 

Séance 3 | L'Europe centrale et orientale dans l'oeuvre d'Emmanuel Ruben


Organisée par Anne-Marie Monluçon, Maîtresse de conférences en littérature comparée
(UMR Litt&Arts, Université Grenoble Alpes)
et Liouba Bischoff,Maîtresse de conférences en littérature française et francophone
(XXe-XXIe siècles) (CERCC, ENS de Lyon)
 

Anne-Marie Monluçon (UMR Litt&Arts, UGA)
Liouba Bischoff (CERCC, ENS de Lyon)
De la Baltique à la Mer Noire : l’œuvre d’Emmanuel Ruben entre géopolitique et géopoétique

Entre 2010 et 2022, Emmanuel Ruben, né en 1980 à Lyon, a publié 13 livres qui composent une œuvre protéiforme : romans, nouvelles, essais, récits qu’il préfère appeler des textes de dépaysement ou d’arpentage plutôt que des récits de voyage, ainsi que des livres inspirés de l’histoire de sa famille, combinant autofiction, histoire collective et imaginaire. Géographe de formation, écrivain et peintre, il conjugue dans son œuvre science et littérature, mais aussi texte et images au sens propre et figuré. Son œuvre est très diverse sur le plan des aires géographiques, culturelles et imaginaires de référence : la région Rhône-Alpes, l’ancienne Europe de l’Est et l’Orient d’Europe, Israël et l’Algérie.

Notre intervention se situe dans la perspective de la Journée d’étude que nous organisons le 9 juin prochain à Grenoble, dans le cadre d’un partenariat entre le CERCC, centre de recherche de l’ENS et l’UMR Litt&Arts, sous l’intitulé « Emmanuel Ruben, l’écriture du territoire entre imaginaire et actualité ». Il s’agit de présenter, parmi ses œuvres, le « massif » le plus approprié au périmètre de notre séminaire, « l’espace littéraire de Berlin à Vladivostok », qui se trouve être aussi le plus vaste, puisque nous pouvons le délimiter par la formule « De la Baltique à la Mer Noire ». Comme l’indique le titre de notre intervention, « l’œuvre d’Emmanuel Ruben entre géopolitique et géopoétique », nous proposerons deux approches complémentaires.

Anne-Marie Monluçon abordera la dimension géopolitique d’un corpus qui est hétérogène sur le plan générique mais dont chaque lieu de référence appartient à l’espace des anciens pays de l’Est. Chronologiquement cela donne la liste suivante : Halta à Yalta, roman de 2010, dont l’action est située en Crimée, La Ligne des glaces, roman de 2014, Cœur de l’Europe, court récit tiré du journal de bord d'un long séjour en ex-Yougoslavie et d’un voyage jusqu’à la frontière hongroise, théâtre de la crise migratoire à partir de 2015 (2018), Terminus Schengen, poème avec 8 photographies de l’auteur (2018), sur la crise migratoire de 2015, Sur la route du Danube, récit de voyage publié en 2019, lauréat du prix Bouvier, notamment, Nouvelles Ukrainiennes, paru en 2022, rassemblant des textes écrits entre 2010 et 2020, et l’ouvrage collectif Hommage à l’Ukraine (octobre 2022), recueil de textes littéraires inédits de 14 écrivains ukrainiens contemporains, qu’E. Ruben a sollicités pour ce volume.

Cette présentation voudrait mettre en lumière le fait que les œuvres d’E. Ruben portent davantage sur l’Europe que strictement sur le post-communisme, sur ce qui se joue aux frontières de l’Europe, à la fois « forteresse Schengen » dénoncée par E. Ruben, et lignes de clivage différentes de celles définies par les accords officiels : frontières vécues, subjectives. L’auteur appréhende ces questions au prisme de l’Histoire, de l’Actualité et de la prospection (pronostic, utopie, prophétie...). Dans la mesure où l’auteur combine la géopolitique avec la poésie toujours, la fiction souvent, et le fantastique parfois, cette première exploration ne se limitera pas à une lecture purement référentielle des textes.

Liouba Bischoff partira d’une réflexion d’E. Ruben livrée dans un entretien pour Zone critique intitulé « Le roman rêvé, c’est un château échevelé qui remue encore » et recueilli par Pierre Poligone (5 mars 2016) : « Qu’est-ce que j’ai compris, face à ma carte postale ? Que j’avais besoin, pour me consoler de ce voyage raté, pour justifier mon retour abrégé en France, d’écrire un roman. Que seule l’écriture d’un roman dans lequel je me perdrais comme dans un puzzle pourrait me consoler du ratage absolu de ce voyage – et d’une histoire aussi qui finissait et que je croyais pouvoir fuir en entreprenant ce voyage. Mais la seule fuite possible et réellement salutaire, c’était le roman. » Cette confidence très éclairante ouvre sur la question des genres dans l’œuvre d’E. Ruben : basculement du référentiel au romanesque, genres indécidables ou hybrides, fictions qui conservent tout de même quelque chose de l’écriture de terrain.

 

Séance 4 | Écrivains et intellectuels, l’émigration russe en France


Organisée par Gayaneh Armaganian Le Vu, maîtresse de conférences en études russes
à l’ENS de Lyon (CERCC)

 
Leonid Livak, Professeur au Département d'études slaves et au Centre d'études juives de l'Université de Toronto
Étudier l’émigration russe en France. Quelques problèmes méthodologiques

Cet exposé traite des problèmes méthodologiques qu’affronte tout chercheur étudiant la diaspora russophone en France dans l’entre-deux-guerres, à savoir : Qui est l’émigré russe ? Quelle est la limite chronologique de l'existence de la diaspora antisoviétique en France comme en Europe ? Comment identifier les sources documentaires françaises sur cette diaspora en dépit de la fuite à l'étranger des archives de l'émigration russe après la Seconde guerre mondiale ? Enfin, comment écrire l'histoire de l'émigration russe en France, étant donné l'absence quasi-totale de cette émigration de l’historiographie française jusqu’à la chute de l’URSS ? Toutes ces questions sont abordées dans le cadre de notre livre récent Études sur l'histoire culturelle de l'émigration russe en France (Eur'Orbem, 2022).


Svetlana Garziano, maîtresse de conférences au département d’études slaves de l’Université Jean Moulin Lyon 3 (MARGE)
L’image poétique de Marina Tsvétaïeva dans le prisme de l’œuvre d’Alla Golovina, poétesse de la jeune génération de l’émigration russe

Alla Golovina née baronne Steiger (1909-1987) est certes une poétesse émigrée russe peu connue du lecteur français, mais qui peut représenter par une sorte de métonymie toute cette effervescence artistique en exil dans la période de l’entre-deux-guerres. Après la mort de la poétesse, une partie de sa bibliothèque a été transmise au Fonds Saint-Georges de Meudon. À partir de 2002, ces documents sont conservés aux fonds slaves des Jésuites de la Bibliothèque Diderot de Lyon. La poétesse a laissé les traces de sa vie et de ses lectures dans ses livres sous la forme de notes, d’inscriptions, de dédicaces et de photographies. Dernièrement, en mars 2023, ces matériaux ont été complétés par un carton d’archives légué à la Bibliothèque Diderot de Lyon par la fondation Gillès.

La communication a pour but d’explorer ce fonds des notes manuscrites d’Alla Golovina, en le mettant en parallèle avec sa création en vers et en prose, dans laquelle on retrouvera des réfractions mineures et vivantes de l’émigration russe, notamment à travers de l’une de ses figures fondamentales ― Marina Tsvétaïeva.

 

Séance 5 | Sur les transferts esthétiques franco-russes :
autour de Stanislavski et de Prokofiev


Organisée par Anna Lushenkova-Foscolo, maîtresse de conférences en langue et littérature russes
(Lyon 3, Marge)
et Anne Maitre, responsable du Fonds Russie et Europe médiane à la BDL

 
Marie-Christine Autant-Mathieu, directrice de recherches CNRS émérite (CNRS-Sorbonne Université, Eur'ORBEM)
Jouer de tête ou jouer d’âme ? Ressentir ou représenter ? Stanislavski conteste Le Paradoxe sur le comédien de Diderot

En relation avec la parution de l’ouvrage consacré à la genèse, à l’histoire et aux interprétations du Système de Stanislavski, et pour illustrer un cas de transfert esthétique et conceptuel entre la France et la Russie dans le domaine du jeu de l’acteur, présentation des adaptations et contestations de quelques théories scientifiques, philosophiques et esthétiques françaises par le pédagogue russe. Stanislavski sera aussi évoqué à propos d’un autre chantier à venir en octobre 2023 : un colloque consacré à « Chaliapine au croisement des arts », où il sera question des liens étroits unissant le chanteur au théâtre.

Laetitia Le Guay-Brancovan, maîtresse de conférences en Langue et Littérature françaises (CY Cergy Paris Université, Eur'ORBEM)
Serge Prokofiev et Paris : passeur ou outsider ? Le paradoxe des sources

Prokofiev adopta Paris comme lieu de domiciliation principale de 1924 à 1936, année de son retour en URSS. L’examen de ses écrits personnels (Journal, correspondance inédite conservée aux Archives de Columbia) révèle qu’il se pensait comme un passeur : initiant les échanges, en particulier entre musique russe et musique française.
 
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Anne Maître : anne.maitre@ens-lyon.fr
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