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Séminaire thématique : Approches critiques de l'IA en sciences de l'info com

Publié le 15 novembre 2024 Mis à jour le 15 novembre 2024

La deuxième séance du cycle de séminaires portant sur la thématique de l'intelligence artificielle : approches critiques en sciences de l'information et de la communication, aura lieu le vendredi 29 novembre à 10 h.

Valentyna Dymytrova, Mabrouka El Hachani, et Angèle Stalder vous invite à la deuxième séance du cycle de séminaires portant sur la thématique de l'intelligence artificielle : approches critiques en sciences de l'information et de la communication.

Ce séminaire accueillera Fanny Georges, maitresse de conférences habilitée à diriger des recherches à l'Institut de Recherche Médias, Cultures, Communication et Numérique de l'Université Paris Sorbonne Nouvelle.

La naturalisation du numérique, en tant que phénomène social émergent de la numérisation généralisée de la société (Miège, 2020), affecte tous les objets de recherche qui explorent les interactions entre la société et les technologies numériques. Les Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) se trouvent au cœur de ces enjeux, en raison de leur rôle central dans la réflexion critique sur ces technologies et leur implication directe dans l’éducation et la formation des futurs professionnels de la communication. Cet engagement confère aux SIC une responsabilité sociale et énonciative particulière face aux transformations numériques et à leurs implications sociétales. La posture critique des Sciences de l'Information et de la Communication (SIC) se situe dans une tension perceptible, comme le soulignent les ouvrages Dynamiques de recherche en SIC (Walter, Douyère, Bouillon et Ollivier-Yaniv, 2019) et Questionner les Humanités numériques (Paquienséguy et Pélissier, 2021). Françoise Paquienséguy et Nicolas Pélissier évoquent une « confusion » dans le positionnement des SIC vis-à-vis des discours politiques. Les auteurs encouragent les chercheurs en SIC à renforcer leur approche critique en proposant des alternatives aux discours dominants.

Cette communication, issue d’une Habilitation à diriger des recherches en Sciences de l’information et de la communication (2023), propose ainsi une mise en perspective du processus de construction sociale des mythes sociotechnologiques liés à l’intelligence artificielle et aux technologies génératives, en s’appuyant sur l’analyse d’un brevet de métavers déposé par Microsoft en 2021. Ce brevet concerne la création d'avatars autonomes dans un métavers, fondée sur l'apprentissage des données personnelles et des traces numériques issues des réseaux sociaux ainsi que des conversations avec des assistants vocaux.
Les mythes sociotechnologiques émergent au sein des productions discursives technoscientifiques, se réifient dans les projets de développement informatique avant de se naturaliser au sein de la société. L’étude de ce cas, qui met en lumière la réification des mythes liés à la société numérique et à l’immortalité numérique, soulève des questionnements éthiques autour de l’IA. L'éthique est intrinsèquement liée à l'engagement académique des Sciences de l'Information et de la Communication (SIC). Cette réflexion critique sur les procédés mythopoïétiques d'humanisation de l’IA dans la société contemporaine, souhaite contribuer à mettre en évidence les dimensions aliénantes et émancipatrices de ces technologies.
 
A propos de l'intervenante

Fanny Georges est Maître de conférences-HDR en Sciences de l'Information et de la Communication à l’Institut de communication et de médias (ICM) de l’Université Sorbonne Nouvelle. Ses travaux portent sur la médiation existentielle des dispositifs socionumériques, dans ses dimensions identitaires et de production de sens. Formée en Lettres Classiques avec une spécialisation en linguistique historique du grec ancien, elle a soutenu sa thèse en Arts en 2007 sur une approche sémiotique pragmatique de la représentation de soi dans les dispositifs socionumériques à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Après un postdoctorat au CNRS sur la perception de l’espace en réalité augmentée (LMGC/LIRMM), elle a contribué, en SIC, à mettre en évidence l’emprise des réseaux socionumériques sur l’identité numérique. Devenue Maître de conférences à L’université Sorbonne Nouvelle en 2011, elle a travaillé sur les Éternités numériques et la transformation de la relation à la mort médiée par les technologies numériques. À partir de 2018, dans le contexte de ses activités d’expertise pour des organismes et appels à projets nationaux et internationaux, de Vice-présidente, puis Présidente du Comité d’éthique de la recherche de la Sorbonne Nouvelle, de membre du CA de la Fédération Française des Comités d’Ethique de la Recherche et au sein du Groupe GENIC « Ethique et numérique » de la SFSIC, elle développe une réflexion sur la responsabilité sociale des SHS dans la construction sociale des mythes technoscientifiques et l’éthique du numérique et de l’IA. Son HDR soutenue en février 2023 à l’Université Paris-Nanterre propose un modèle analytique de ce processus en prenant pour cas d’étude l’immortalité numérique.